Depuis la présidentielle, et même avant, je ronchonne, je m'emporte, je m'offusque sur les décisions prises tout là-haut. Je m'indigne devant les petites phrases, les coups de comm. Je me dis, un jour, ça va partir, le "peuple" va finir par en avoir marre. Ou est-ce qu'on va vraiment tout laisser passer comme ça, sans broncher ?
Ils ont transformé le code du travail, facilité les licenciements, prônant plus de flexibilité.
Ils ont supprimé l'ISF, maintenu le CICE.
Ils ont réformé la SNCF.
Ils ont réformé l'entrée à l'université, le bac.
Ils ont baissé les APL et augmenté la CSG.
Ils ont voté une loi asile et immigration à faire pâlir le FN.
Ils ont supprimé les cotisations sociales, promettant une mainmise de l'état sur le régime d'assurance chômage (qui n'en est plus vraiment un) et la sécu.
Ils promettent 3 milliards d'économies sur les allocations chômages et annoncent une réforme des retraites.
Ils ont supprimé les contrats aidés.
Ils baissent les effectifs de tous les services publics.
Et tout ça...
Sans qu'il ne se passe rien. Les syndicats ont échoué à mobiliser. Même la SNCF n'a pas réussi. Les partis d'opposition, englués dans leurs querelles internes, ne font que vociférer sans avoir vraiment d'écho. Chacun a tenté sa petite grève dans son coin. Aucun résultat. "Pisser dans un violon", est l'expression consacrée.
Et là, arrivent les #giletsjaunes et le #17novembre. Le truc improbable, qu'ils n'ont sûrement pas vu venir. Ca date pas d'hier que l'essence coûte une blinde. Pourquoi là maintenant, ça ne passe plus ? Parce que le diesel est devenu plus cher que l'essence ?
Parce qu'on essaie de nous faire croire que tout ça, c'est pour notre bien ?
Va savoir... En tout cas, ça craque. Des mouvements spontanés s'organisent, on prévoit des blocages, ça s'agite sur les réseaux sociaux.
Et moi, je sais plus. Je rêvais d'une prise de conscience, qu'on arrête tout ça, toute cette société du travail et de la consommation, qu'on arrête d'alimenter nos riches actionnaires dont les revenus ne cessent de croître pendant que ceux de la population diminuent en même temps. Je rêvais qu'on en aurait assez de saccager la planète et de tuer toutes les espèces animales. Je rêvais d'une société juste, d'un partage des richesses. Je rêvais d'un monde merveilleux.
Et le facteur déclencheur, c'est le prix de l'essence...
Alors je comprends, et je suis d'accord que ce n'est pas la solution, que l'écologie c'est juste un prétexte et que c'est pas en taxant le diesel qu'on va sauver la planète. Non.
On pourrait taxer le carburant ailleurs que chez les particuliers.
On pourrait développer le fret et mettre sur des rails tous les camions.
On pourrait interdire les gros paquebots.
On pourrait arrêter d'acheter de la nourriture fabriquée à 10 000 kms pour que les océans respirent mieux.
On pourrait arrêter la surpêche.
On pourrait stopper l'agriculture intensive et les pesticides qui vont avec.
On pourrait nous construire des voies de bus et arrêter de fermer les petites lignes SNCF pour qu'on puisse se déplacer sans voiture.
On pourrait développer le télétravail partout où c'est faisable.
On pourrait favoriser le co-voiturage et tous les autres déplacements alternatifs, plutôt que construire des autoroutes inutiles.
Et APRES, seulement après, on pourrait taxer l'essence.
Je suis partagée.
Déçue que, ce qui a réveillé, c'est de ne plus pouvoir rouler en voiture.
Consciente que ce n'est que la goutte d'eau.
Perdue entre les récupérations faites de tous les côtés, entre les infos réelles ou mensongères qui circulent, entre les contacts qui, sur les réseaux sociaux sont tout blanc ou tout noir.
Je suis curieuse aussi.
Curieuse de voir la suite, de savoir s'il va vraiment se passer quelque chose samedi.
Et les jours d'après ...
Et vous ?
Découvrez mes coups de blues, mes coups de gueule écrits au gré des sujets d'actualité.
mardi 13 novembre 2018
mardi 10 avril 2018
Faudrait pas confondre pédagogie et démagogie !
Tu fais quoi jeudi à 13 heures ?
Ben, je bosse, pourquoi ?
La grogne monte. Les grèves, les manifs, les mécontentements se font sentir de toute part. L'opposition en profite pour s'engouffrer dans la brèche et en faire une crevasse.
Il est temps que le chef reprenne la main !
On nous annonce 2 grands oraux pour cette semaine. Et quels oraux !
Un JT de TF1, avec l'indéboulonnable et ô combien subversif JPP. Tout y est pour le cliché de la France profonde : la date, l'heure et même le lieu ! Le Roi rencontre le peuple. Je ne serais pas surprise qu'il chausse les bottes en caoutchouc...
2è round dimanche, au cas où quelques potentiels téléspectateurs bosseraient jeudi. Encore une chaîne privée ultra populaire, bien connue pour ses prises de recul sur l'actualité et son impartialité en toute circonstance. Mais cette fois, quand même, ne voulant pas être taxé de couardise, il va "affronter" 2 journalistes un peu plus "rentre-dedans". Allez, accordons lui cela.
Il a promis de donner le sens, de faire de la pédagogie. Parce que, c'est bien connu, ses réformes sont parfaites, c'est juste que le français moyen est un peu trop con pour les comprendre ! Alors il va nous expliquer.
Ses mots-clés : privilèges, inégalités, avantages, solidarité entre les générations, dette, transformer, améliorer, adapter, Europe, avenir, marché, concurrence, bénéfices, actionnaires, dividendes (ah, non, je m'égare là, il s'arrêtera à concurrence !).
Qui croit-il persuader ? A part ceux qui sont déjà à sa botte ?
Il faudrait peut-être lui retourner la politesse de la pédagogie ? Lui expliquer que la Province, c'est pas des bouseux incultes qui ne comprennent rien aux enjeux des multinationales - aux enjeux mondiaux, je veux dire, ma langue a encore fourché. Lui expliquer qu'en face de lui, il y a une partie de la population qui n'adhère tout simplement pas à sa vision du monde, qui se moque d'être une start-up nation, qui tient à ses services publics, qui cherchent le nivellement par le haut plutôt que par le bas, qui a d'autres buts dans la vie que la sacrifier à la rentabilité de son entreprise.
Rendez-vous le 5 mai pour la première leçon ?
Ben, je bosse, pourquoi ?
La grogne monte. Les grèves, les manifs, les mécontentements se font sentir de toute part. L'opposition en profite pour s'engouffrer dans la brèche et en faire une crevasse.
Il est temps que le chef reprenne la main !
On nous annonce 2 grands oraux pour cette semaine. Et quels oraux !
Un JT de TF1, avec l'indéboulonnable et ô combien subversif JPP. Tout y est pour le cliché de la France profonde : la date, l'heure et même le lieu ! Le Roi rencontre le peuple. Je ne serais pas surprise qu'il chausse les bottes en caoutchouc...
2è round dimanche, au cas où quelques potentiels téléspectateurs bosseraient jeudi. Encore une chaîne privée ultra populaire, bien connue pour ses prises de recul sur l'actualité et son impartialité en toute circonstance. Mais cette fois, quand même, ne voulant pas être taxé de couardise, il va "affronter" 2 journalistes un peu plus "rentre-dedans". Allez, accordons lui cela.
Il a promis de donner le sens, de faire de la pédagogie. Parce que, c'est bien connu, ses réformes sont parfaites, c'est juste que le français moyen est un peu trop con pour les comprendre ! Alors il va nous expliquer.
Ses mots-clés : privilèges, inégalités, avantages, solidarité entre les générations, dette, transformer, améliorer, adapter, Europe, avenir, marché, concurrence, bénéfices, actionnaires, dividendes (ah, non, je m'égare là, il s'arrêtera à concurrence !).
Qui croit-il persuader ? A part ceux qui sont déjà à sa botte ?
Il faudrait peut-être lui retourner la politesse de la pédagogie ? Lui expliquer que la Province, c'est pas des bouseux incultes qui ne comprennent rien aux enjeux des multinationales - aux enjeux mondiaux, je veux dire, ma langue a encore fourché. Lui expliquer qu'en face de lui, il y a une partie de la population qui n'adhère tout simplement pas à sa vision du monde, qui se moque d'être une start-up nation, qui tient à ses services publics, qui cherchent le nivellement par le haut plutôt que par le bas, qui a d'autres buts dans la vie que la sacrifier à la rentabilité de son entreprise.
Rendez-vous le 5 mai pour la première leçon ?
mercredi 14 mars 2018
Le cas Cantat
J’ai toujours aimé Noir Désir. C’est Le groupe rock de ma
génération. A la fin des années 90, j’ai écouté et réécouté le 666.667 Club. En boucle. Comme j’adhérais
à ses paroles ! Comme j’étais d’accord avec Cantat quand il chantait sa
haine du FN, sa haine du système, avec des mots que je trouvais toujours justes.
Et puis il y a eu Vilnius. L’impensable. Il est fort
probable que j’ai appris la relation de
Marie Trintignant et Bertrand Cantat en même temps que j’ai appris qu’il l’avait
tuée. J’ai jamais été très people. Mais
bref, c’était le choc. Les images en boucle à la télé. Le procès, la prison.
En même temps qu’était morte une jeune femme sous les coups
de son conjoint, on savait que c’en était fini de Noir Désir.
En vieillissant, j’ai toujours regretté de ne pas les avoir
vus en concert. J’ai aussi toujours continué à les écouter. J’ai continué à
aimer les paroles de Cantat. J’ai continué à aimer sa voix. Malgré tout. Parce
que c’était ma jeunesse. Parce que j’aimais cette voix. Parce que j’aimais ce
qu’il disait, peu importe ce que l’homme avait fait.
Une douzaine d’années a passé et Cantat est revenu avec
Détroit. Discrètement. Il a fait une série de concerts et nous sommes allés les
voir jouer. Et oui, j’ai aimé, j’ai adoré chanter avec lui A mon étoile, Comme
elle vient ou Tostaki. A l’époque
de Détroit, il n’y avait pas grand monde pour s’offusquer du retour de Cantat. Il a
fait sa tournée de concerts. Il y a certainement eu quelques articles, quelques
personnes qui ont exprimé leur mécontentement mais rien de terrible.
Et arrive la fin de 2017. Cantat sort son album solo. Il fait
la Une des Inrocks. Cette Une, certainement inutile et malvenue, déclenche un
tollé. Mais ça retombe vite finalement. En quelques jours, on n’en entend plus
parler.
Et arrive 2018. Cantat démarre sa tournée. Là, c’est une
envolée. Des levées de boucliers sur les réseaux sociaux. Des articles dans
tous les médias, d’abord pour annoncer sa tournée. Ensuite pour relayer ses
détracteurs. Des échanges plus virulents les uns que les autres dans les
commentaires, des insultes. Les spectateurs de ses concerts sont honnis, conspués.
Lui, n’en parlons pas.
Le concert à Strabourg a lieu le 7 mars, veille de la journée des Droits des
Femmes. Et Cantat devient soudain le symbole unique des violences faites aux
femmes. Des manifestations sont prévues devant la Laiterie. Des demandes faites
à la mairie pour interdire le concert, des pétitions signées. Malgré tout, il a
lieu. Dans le calme, avec juste quelques tags et quelques caméras de télévision
qui attendent le clash et repartent bredouilles.
La polémique continue à enfler. Des départements refusent
des subventions à des festivals s’ils maintiennent Cantat. Des manifestations
se mettent en place à l’entrée de ses concerts. Ceux qui vont le voir sont
interpellés.
Cantat annonce annuler sa participation à tous les festivals
prévus cet été. Calmement, dans une publication sur facebook, simple, sobre et
humble. Première victoire pour ses détracteurs.
Le même jour, une émission diffuse une interview de la mère
de Marie Trintignant, qui, et c’est bien normal, s’offusque qu’il chante, qu’il
se produise sur scène. Impossible de la blâmer de penser ça. Elle a perdu son
enfant. Sa réaction épidermique quand Léa Salamé veut lui présenter la Une des
Inrocks est tout à fait compréhensible.
Le lendemain, 2è victoire, un nouveau concert est annulé. Et
la 3e victoire s’y ajoute puisque Cantat sort de sa réserve, va au
contact des manifestants devant la salle de concert de Grenoble. On l’insulte,
on lui jette des projectiles. Et ça marche. Cantat se lâche, dénonçant l’acharnement
qu’il subit. Du pain béni pour ceux qui sont contre lui.
Jusqu’où est-ce que tout cela ira ? Je n’en ai aucune
idée. On ne tardera sans doute pas à le savoir.
La question que je me pose c’est qu’est ce qui a changé en 3
ou 4 ans ? Qu’est-ce qu’il s’est passé entre la tournée de Détroit et
celle de Cantat ?
Est-ce parce que maintenant il chante sous son propre nom ?
Ou est-ce que ce sont les conséquences de l’affaire
Weinstein, des #Metoo et de tout ce qui va avec ?
Ou est-ce que cela va plus loin que ça ? Est-ce que c’est
ce poison, qui s’insinue de plus en plus dans notre société, qui fait que
chacun donne son avis sur tout et n’importe quoi ? Moi la première, me
direz-vous. Mais j’essaie d’interroger, de questionner, de donner mon point de
vue dans l’objectif d’échanger. Dans le cas Cantat, ce n’est pas de cela qu’il
s’agit. Comme pour beaucoup de sujets d’ailleurs. On juge, on hait, on dénonce,
on hurle, on insulte. Le débat n’existe plus. Chacun a raison. L’anonymat des
réseaux sociaux a favorisé ce type de comportements. C’est tellement plus
simple de hurler derrière un pseudo. Mais la haine sort des écrans, elle se
propage. Quand elle parvient à faire interdire un concert, à faire fléchir une
mairie, les programmateurs d’une salle de spectacle, un département ; ne
sommes-nous pas en droit de nous demander si cela ne va pas trop loin ?
jeudi 8 mars 2018
Services publics, ambivalence et stratégie
Même en n'étant pas fan de l'actuel gouvernement, on ne peut pas nier son intelligence et ses capacités de communication hors du commun. Peut-être même serait-il plus juste d'appeler cela des capacités de manipulation ?
Communication, manipulation, la frontière est mince.
L'exemple de la SNCF est criant :
1- Lancer dans les médias un rapport annonçant des réformes colossales : remise en cause du statut des cheminots, suppression des petites lignes. Une attaque en règle des zones rurales, déjà mises à mal par bien d'autres actions.
2- Levée de boucliers générale dans les médias et sur les réseaux sociaux : on ne peut pas toucher aux petites lignes, c'est la casse du service public !
3 - Publier dans la même période, douze autres rapports et projets de lois envisagés qui feront bondir chacun en fonction de ce par quoi il est concerné : limitation de vitesse, réforme de la formation professionnelle, réforme de l'assurance chômage, contrôle renforcé des chômeurs, interdiction du portable en collège, réforme du bac, réforme de l'entrée à l'université, réforme constitutionnelle, âge du consentement sexuel, loi sur le harcèlement, abandon du projet NDDL, glyphosate... et j'en passe parce que, franchement, je n'arrive plus à suivre au rythme où vont les annonces. Mais c'est le but du jeu : noyer les poissons que nous sommes dans un flot continu, ininterrompu, jusqu'à nous faire boire la tasse.
4- Laisser les syndicats SNCF montrer les dents et promettre des grèves à rallonge si on touche au service public et, accessoirement, à leur statut.
5- Revenir quelques jours plus tard et lancer, que non, le rapport en question ne serait absolument pas suivi parce que, le méchant rapport, il voulait supprimer les petites lignes SNCF alors que le gentil premier ministre, lui, il veut protéger les zones rurales.
6- Lancer nonchalamment que par contre, le rapport, il sera suivi pour que ce qui est du statut des cheminots parce que, non, vraiment, en l'état actuel des choses, l'état ne PEUT pas laisser des salariés avec de tels privilèges alors que dans le privé, les autres triment et n'ont pas les mêmes avantages exorbitants que les cheminots.
7- En remettre une couche en ajoutant que cette réforme est tellement urgente que le gouvernement utilisera les ordonnances pour la faire passer plus vite.
8- Laisser mijoter un bon moment en remuant de temps à autre.
Recette d'une efficacité redoutable et qui a admirablement fonctionné. Les syndicats continuent à promettre une grève, sont d'autant plus fâchés que toute possibilité de dialogue est rompue par la promesse des ordonnances. Et l'opinion publique a tranché : les cheminots sont les méchants privilégiés, ils sont prêts à "prendre le pays en otage" pour garder leurs avantages alors que le problème des petites lignes n'en est plus un (il semblerait bien que les régions récupèrent le bébé et les frais qui vont avec et risquent donc de devoir malgré tout fermer quelques lignes mais ça c'est à peine abordé. On s'en fout, l'état ne sera pas coupable le cas échéant).
Lisez les commentaires sur la plupart des articles traitant du sujet, les avis sont quasiment unanimes : il faut supprimer les privilèges des cheminots. On ressort la prime charbon, la retraite à 50 ans, les salaires exorbitants...
Mission accomplie. Si les cheminots se mettent en grève, ils auront à dos toute la population. La révolte est tuée dans l'œuf. Les sondages sont implacables et révèlent que près de 70% des français sont favorables à la fin des recrutements des cheminots avec l'actuel statut.
Etrange comme chacun préfère enfoncer la tête de son voisin un peu plus profondément dans la sable plutôt que d'essayer tous ensemble d'en sortir. Est-ce que vraiment personne ne se dit qu'il serait mieux que les statuts de chacun soient tirés vers le haut plutôt que d'espérer que ceux qui sont mieux lotis que soi, le seront moins demain ?
Avons-nous oublié totalement les valeurs d'entraide et de solidarité ? Sommes-nous capables de nous mobiliser uniquement parce que la limitation de vitesse va être baissée à 80 km/h ? Nous assistons à des manifestations régulières sur le sujet. Des maires, des conseillers départementaux se mobilisent pour porter la parole de leurs concitoyens.
On est donc bien capable de faire entendre notre voix quand on le veut.
Et pourtant, les protestations des personnels des EPHAD et hôpitaux se sont rapidement taries. Une semaine et puis s'en vont. Il est vrai que nous ne sommes pas concernés, personne ne risque de se retrouver hospitalisé demain ou d'aller en maison de retraite dans 10, 20 ou 30 ans.
Et pourtant, les mouvements des gardiens de prison se sont rapidement taris. Un peu de sous et on n'en parle plus. Il est vrai que nous ne sommes pas concernés. La réinsertion des personnes actuellement en prison n'a aucun effet sur nous. Ce n'est pas du tout l'endroit idéal pour que les jeunes se fassent tournés la tête par des prophètes auto-proclamés. Et puis, les récidives ça n'arrive jamais et notre système carcéral est au top alors pourquoi on s'en inquiéterait ?
Et pourtant, les protestations des chômeurs, quand tomberont les réformes de l'assurance-chômage, ne trouveront pas de soutien. Il est vrai que les chômeurs sont tous des fainéants, des assistés qui profitent d'un système qui les pousse à rester à la maison parce qu'ils y sont tellement bien payés ! Chassons les fraudeurs, contrôlons-les, c'est tellement cool d'être au chômage, il est normal de se décider à se sévir.
Et pourtant, les grèves des fonctionnaires qui se profilent pour fin mars, seront à coup sûr très mal vues. Encore des privilégiés ! Il est vrai que les profs, ils n'en fichent pas une, sont toujours en vacances et se plaignent tout le temps.
Et pourtant, et pourtant ... quand les services publics se retrouvent dématérialisés, quand tout doit se faire sur internet, quand la permanence de la CAF, de la sécu, de pôle emploi, ferme soudainement ou quand les classes sont supprimées dans les campagnes, c'est le drame. Le service public, détesté jusque là, prend d'un coup tout son sens. Elle est là l'ambivalence : le service public, on en hait les salariés, on les critique, on pointe leur inutilité et on se plaint quand il n'est plus là...
Peut-être serait-il intéressant de prendre le problème à l'envers ? D'essayer tous ensemble de garder nos services publics tels qu'ils sont ? De travailler ensemble à ce que chacun ait un niveau de vie décent : salariés du privé et du public, chômeurs, bénéficiaires du RSA ? De chercher des solutions qui servent à tous ? De se trouver un but commun plutôt que de nous laisser monter les uns contre les autres ?
Oui, je sais, je suis utopique. Et encore utopique, c'est gentil. Je pourrais utiliser plein d'autres termes : Vieux-jeu ? Réac ? Populiste (terme à la mode désignant tout ce qui s'oppose de près ou de loin au libéralisme et au capitalisme et tente de proposer des solutions alternatives) ? Bobo-gauchiste ? Tant pis, j'assume ...
Communication, manipulation, la frontière est mince.
L'exemple de la SNCF est criant :
1- Lancer dans les médias un rapport annonçant des réformes colossales : remise en cause du statut des cheminots, suppression des petites lignes. Une attaque en règle des zones rurales, déjà mises à mal par bien d'autres actions.
2- Levée de boucliers générale dans les médias et sur les réseaux sociaux : on ne peut pas toucher aux petites lignes, c'est la casse du service public !
3 - Publier dans la même période, douze autres rapports et projets de lois envisagés qui feront bondir chacun en fonction de ce par quoi il est concerné : limitation de vitesse, réforme de la formation professionnelle, réforme de l'assurance chômage, contrôle renforcé des chômeurs, interdiction du portable en collège, réforme du bac, réforme de l'entrée à l'université, réforme constitutionnelle, âge du consentement sexuel, loi sur le harcèlement, abandon du projet NDDL, glyphosate... et j'en passe parce que, franchement, je n'arrive plus à suivre au rythme où vont les annonces. Mais c'est le but du jeu : noyer les poissons que nous sommes dans un flot continu, ininterrompu, jusqu'à nous faire boire la tasse.
4- Laisser les syndicats SNCF montrer les dents et promettre des grèves à rallonge si on touche au service public et, accessoirement, à leur statut.
5- Revenir quelques jours plus tard et lancer, que non, le rapport en question ne serait absolument pas suivi parce que, le méchant rapport, il voulait supprimer les petites lignes SNCF alors que le gentil premier ministre, lui, il veut protéger les zones rurales.
6- Lancer nonchalamment que par contre, le rapport, il sera suivi pour que ce qui est du statut des cheminots parce que, non, vraiment, en l'état actuel des choses, l'état ne PEUT pas laisser des salariés avec de tels privilèges alors que dans le privé, les autres triment et n'ont pas les mêmes avantages exorbitants que les cheminots.
7- En remettre une couche en ajoutant que cette réforme est tellement urgente que le gouvernement utilisera les ordonnances pour la faire passer plus vite.
8- Laisser mijoter un bon moment en remuant de temps à autre.
Recette d'une efficacité redoutable et qui a admirablement fonctionné. Les syndicats continuent à promettre une grève, sont d'autant plus fâchés que toute possibilité de dialogue est rompue par la promesse des ordonnances. Et l'opinion publique a tranché : les cheminots sont les méchants privilégiés, ils sont prêts à "prendre le pays en otage" pour garder leurs avantages alors que le problème des petites lignes n'en est plus un (il semblerait bien que les régions récupèrent le bébé et les frais qui vont avec et risquent donc de devoir malgré tout fermer quelques lignes mais ça c'est à peine abordé. On s'en fout, l'état ne sera pas coupable le cas échéant).
Lisez les commentaires sur la plupart des articles traitant du sujet, les avis sont quasiment unanimes : il faut supprimer les privilèges des cheminots. On ressort la prime charbon, la retraite à 50 ans, les salaires exorbitants...
Mission accomplie. Si les cheminots se mettent en grève, ils auront à dos toute la population. La révolte est tuée dans l'œuf. Les sondages sont implacables et révèlent que près de 70% des français sont favorables à la fin des recrutements des cheminots avec l'actuel statut.
Etrange comme chacun préfère enfoncer la tête de son voisin un peu plus profondément dans la sable plutôt que d'essayer tous ensemble d'en sortir. Est-ce que vraiment personne ne se dit qu'il serait mieux que les statuts de chacun soient tirés vers le haut plutôt que d'espérer que ceux qui sont mieux lotis que soi, le seront moins demain ?
Avons-nous oublié totalement les valeurs d'entraide et de solidarité ? Sommes-nous capables de nous mobiliser uniquement parce que la limitation de vitesse va être baissée à 80 km/h ? Nous assistons à des manifestations régulières sur le sujet. Des maires, des conseillers départementaux se mobilisent pour porter la parole de leurs concitoyens.
On est donc bien capable de faire entendre notre voix quand on le veut.
Et pourtant, les protestations des personnels des EPHAD et hôpitaux se sont rapidement taries. Une semaine et puis s'en vont. Il est vrai que nous ne sommes pas concernés, personne ne risque de se retrouver hospitalisé demain ou d'aller en maison de retraite dans 10, 20 ou 30 ans.
Et pourtant, les mouvements des gardiens de prison se sont rapidement taris. Un peu de sous et on n'en parle plus. Il est vrai que nous ne sommes pas concernés. La réinsertion des personnes actuellement en prison n'a aucun effet sur nous. Ce n'est pas du tout l'endroit idéal pour que les jeunes se fassent tournés la tête par des prophètes auto-proclamés. Et puis, les récidives ça n'arrive jamais et notre système carcéral est au top alors pourquoi on s'en inquiéterait ?
Et pourtant, les protestations des chômeurs, quand tomberont les réformes de l'assurance-chômage, ne trouveront pas de soutien. Il est vrai que les chômeurs sont tous des fainéants, des assistés qui profitent d'un système qui les pousse à rester à la maison parce qu'ils y sont tellement bien payés ! Chassons les fraudeurs, contrôlons-les, c'est tellement cool d'être au chômage, il est normal de se décider à se sévir.
Et pourtant, les grèves des fonctionnaires qui se profilent pour fin mars, seront à coup sûr très mal vues. Encore des privilégiés ! Il est vrai que les profs, ils n'en fichent pas une, sont toujours en vacances et se plaignent tout le temps.
Et pourtant, et pourtant ... quand les services publics se retrouvent dématérialisés, quand tout doit se faire sur internet, quand la permanence de la CAF, de la sécu, de pôle emploi, ferme soudainement ou quand les classes sont supprimées dans les campagnes, c'est le drame. Le service public, détesté jusque là, prend d'un coup tout son sens. Elle est là l'ambivalence : le service public, on en hait les salariés, on les critique, on pointe leur inutilité et on se plaint quand il n'est plus là...
Peut-être serait-il intéressant de prendre le problème à l'envers ? D'essayer tous ensemble de garder nos services publics tels qu'ils sont ? De travailler ensemble à ce que chacun ait un niveau de vie décent : salariés du privé et du public, chômeurs, bénéficiaires du RSA ? De chercher des solutions qui servent à tous ? De se trouver un but commun plutôt que de nous laisser monter les uns contre les autres ?
Oui, je sais, je suis utopique. Et encore utopique, c'est gentil. Je pourrais utiliser plein d'autres termes : Vieux-jeu ? Réac ? Populiste (terme à la mode désignant tout ce qui s'oppose de près ou de loin au libéralisme et au capitalisme et tente de proposer des solutions alternatives) ? Bobo-gauchiste ? Tant pis, j'assume ...
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