mardi 13 novembre 2018

#17 novembre

Depuis la présidentielle, et même avant, je ronchonne, je m'emporte, je m'offusque sur les décisions prises tout là-haut. Je m'indigne devant les petites phrases, les coups de comm. Je me dis, un jour, ça va partir, le "peuple" va finir par en avoir marre. Ou est-ce qu'on va vraiment tout laisser passer comme ça, sans broncher ?
Ils ont transformé le code du travail, facilité les licenciements, prônant plus de flexibilité.
Ils ont supprimé l'ISF, maintenu le CICE.
Ils ont réformé la SNCF.
Ils ont réformé l'entrée à l'université, le bac.
Ils ont baissé les APL et augmenté la CSG.
Ils ont voté une loi asile et immigration à faire pâlir le FN.
Ils ont supprimé les cotisations sociales, promettant une mainmise de l'état sur le régime d'assurance chômage (qui n'en est plus vraiment un) et la sécu.
Ils promettent 3 milliards d'économies sur les allocations chômages et annoncent une réforme des retraites.
Ils ont supprimé les contrats aidés.
Ils baissent les effectifs de tous les services publics.

Et tout ça...
Sans qu'il ne se passe rien. Les syndicats ont échoué à mobiliser. Même la SNCF n'a pas réussi. Les partis d'opposition, englués dans leurs querelles internes, ne font que vociférer sans avoir vraiment d'écho. Chacun a tenté sa petite grève dans son coin. Aucun résultat. "Pisser dans un violon", est l'expression consacrée.
Et là, arrivent les #giletsjaunes et le #17novembre. Le truc improbable, qu'ils n'ont sûrement pas vu venir. Ca date pas d'hier que l'essence coûte une blinde. Pourquoi là maintenant, ça ne passe plus ? Parce que le diesel est devenu plus cher que l'essence ?
Parce qu'on essaie de nous faire croire que tout ça, c'est pour notre bien ?
Va savoir... En tout cas, ça craque. Des mouvements spontanés s'organisent, on prévoit des blocages, ça s'agite sur les réseaux sociaux.
Et moi, je sais plus. Je rêvais d'une prise de conscience, qu'on arrête tout ça, toute cette société du travail et de la consommation, qu'on arrête d'alimenter nos riches actionnaires dont les revenus ne cessent de croître pendant que ceux de la population diminuent en même temps. Je rêvais qu'on en aurait assez de saccager la planète et de tuer toutes les espèces animales. Je rêvais d'une société juste, d'un partage des richesses. Je rêvais d'un monde merveilleux.
Et le facteur déclencheur, c'est le prix de l'essence...
Alors je comprends, et je suis d'accord que ce n'est pas la solution, que l'écologie c'est juste un prétexte et que c'est pas en taxant le diesel qu'on va sauver la planète. Non.
On pourrait taxer le carburant ailleurs que chez les particuliers.
On pourrait développer le fret et mettre sur des rails tous les camions.
On pourrait interdire les gros paquebots.
On pourrait arrêter d'acheter de la nourriture fabriquée à 10 000 kms pour que les océans respirent mieux.
On pourrait arrêter la surpêche.
On pourrait stopper l'agriculture intensive et les pesticides qui vont avec.
On pourrait nous construire des voies de bus et arrêter de fermer les petites lignes SNCF pour qu'on puisse se déplacer sans voiture.
On pourrait développer le télétravail partout où c'est faisable.
On pourrait favoriser le co-voiturage et tous les autres déplacements alternatifs, plutôt que construire des autoroutes inutiles.
Et APRES, seulement après, on pourrait taxer l'essence.

Je suis partagée.
Déçue que, ce qui a réveillé, c'est de ne plus pouvoir rouler en voiture.
Consciente que ce n'est que la goutte d'eau.
Perdue entre les récupérations faites de tous les côtés, entre les infos réelles ou mensongères qui circulent, entre les contacts qui, sur les réseaux sociaux sont tout blanc ou tout noir.
Je suis curieuse aussi.
Curieuse de voir la suite, de savoir s'il va vraiment se passer quelque chose samedi.
Et les jours d'après ...

Et vous ?