Vous êtes vous déjà réveillé un matin, bien avant le réveil,
en fredonnant un air qui vous horripile ? Avez-vous déjà eu en tête une de
ces chansons, au demeurant extrêmement bien foutues car elles vous harcèlent
toute une journée ? Ce genre de chanson dont il suffit d’entendre une note
pour la chanter toute la journée ? Le générique de la Reine des Neiges est
de celles-là. La preuve, ça y est, elle est en vous pour tout le samedi. Vous
me maudirez jusqu’à ce soir quand vous vous surprendrez à fredonner « Libérée,
délivrée ».
Il parait qu’une chanson qui reste en tête est une chanson
réussie. Peut-être. Mais je crois aussi que le matraquage, le harcèlement que
nous font les radios avec certaines musiques contribuent largement à les rendre
entêtantes.
J’écoute la radio moins d’une heure par jour. Le temps de
mon trajet quotidien en voiture. De cette petite heure, il faut enlever environ
20 minutes où je zappe sur une radio d’informations pour écouter les nouvelles.
Enlevez aussi les pages de pub et il y en a toutes les 10 minutes à ces heures
de grande écoute, ainsi que les bla-blas des animateurs et les jeux. Il ne
reste plus beaucoup de temps pour de la musique, disons une petite demi-heure.
Eh bien pendant ces 30 minutes, j’entends systématiquement
les mêmes chansons. Je jongle entre 2 radios et de l’une à l’autre, pas de
différence. Pourtant il y a une locale et une nationale. De manière presque
automatique, tous les jours, je retrouve Julien Doré, Les Frero delavega,
Claudio Capeo, Boulevard des airs. Amir est un peu dépassé mais a longtemps été
de ceux-là. Et puis quelques autres qui défilent mais dont je n’ai pas retenu
les noms. On les entend, on les entend, on les entend jusqu’à l’overdose.
Jusqu’à nous en écoeurer et nous les rendre insupportables si tant est qu’on
avait pu les apprécier aux premières écoutes. Qui n’a pas eu envie de hurler
et-ou de faire taire sa radio en entendant le p**** d’éléphant des Frero ?
Qui n’a pas eu envie de bannir Bruxelles de ses destinations de voyage
éventuelles ? A la limite, Claudio Capeo nous ferait presque avoir envie
de gifler le premier SDF qu’on croise, juste parce qu’il a pu contribuer à lui
inspirer ses insupportables airs (NB : ceci est bien sûr à prendre au 2è
voire au 3è degré, je préfère préciser au cas où. Mon humour n’est pas toujours
très clair J
).
Il y a quelques mois, les mêmes radios nous faisaient toutes
des messages outrés sur les réseaux sociaux. Une loi allait passer qui les
obligerait à diffuser un certain quota de chansons françaises ou quelque chose
dans le genre. Levée de boucliers ! O scandale ! L’appareil
législatif allait obliger les radios INDEPENDANTES et LIBRES à diffuser certaines chansons. Le projet de
loi a du passer aux oubliettes car on n’en a plus entendu parler mais quoiqu’il
en soit, j’avais une légère impression de foutage de gueule à ce moment-là. Ces
radios qui diffusent 20 fois par jour les mêmes titres allaient nous faire
croire qu’elles le faisaient par goût ? Elles aiment tellement ces titres
qu’elles n’ont envie de diffuser que ceux-là ? Une radio locale ne
pourrait-elle pas s’ouvrir à des groupes locaux (elles me répondront qu’elles
le font. Ok, j’admets, entre 23h et minuit le mardi !). Le nombre de
titres existants dans le monde est tellement vaste que j’ai du mal à comprendre
qu’on nous en passe dix en boucle. Je ne sais pas comment fonctionne le monde
de la radio. J’imagine que derrière tout cela se cachent quelques histoires
pécuniaires ?? Peut-être que je me trompe ? Peut-être que vraiment
tous les animateurs de toutes les radios aiment les mêmes musiques au même
moment ? Peut-être … Mais j’ai du mal à y croire, et j’ai eu du mal à
croire à ces discours de radios libres et indépendantes …
Vous allez me dire « Arrête de ronchonner et écoute
autre chose ». C’est vrai, je pourrais. Mais c’est bien la radio. Pendant
les périodes de vacances scolaires, il n’y a quasi que de la musique pendant
mes heures de circulation et là, comme l’audience doit être plus faible, on
évite ce matraquage et c’est vachement agréable. On découvre des nouveaux
titres, on retrouve des anciens. Et puis, j’avais envie de le dire tout
simplement. Parce que, deux heures à tourner dans mon lit avec les éléphants
des Frero qui marchaient dans ma chambre, de leur pas lourd et répétitif,
c’était au dessus de mes forces.