Nous sommes tous aujourd’hui, moi la première, surpris,
choqués, consternés, atterrés. Les ricains sont fous. Comment ont-ils pu élire
ce dingue ? Ce macho raciste, sexiste, milliardaire, star de la
téléréalité ?
D’autres questions me traversent aussi l’esprit.
1- Est-ce vraiment une surprise ?
Si les Clinton et consorts n’étaient pas ce qu’ils sont,
Trump serait-il arrivé là où il est ? Les citoyens américains n’ont-ils
pas voulu faire un gros fuck à la politique politicienne et à ses
représentants ? Ce gars arrive en
disant ce que le peuple veut entendre, il fustige la classe politique
traditionnelle, n’a rien à voir avec eux ni de près ni de loin (ou en tous cas,
se revendique comme tel), il y avait de fortes chances qu’il passe.
2- « En France, on ne ferait jamais ça ». Vraiment ?
Oublions un moment le côté téléréalité de ce cher Donald
Duck. Euh, Donald Trump, pardon. C’est un style purement américain qui nous échappe
complètement. Trump c’est la version XXL du populiste.
Prenons en un plus soft, une version européenne plus
politiquement correcte et moins vulgaire. Imaginons qu’il commence à faire les
mêmes promesses. Il va réinstaurer les frontières. Il va construire un mur
anti-migrants partout où ce sera nécessaire (pas facile parce que la France a
beaucoup de frontières mais c’est pas grave, il peut le faire). Il va renvoyer
chez eux les étrangers qui volent les ressources des honnêtes citoyens. Il va
baisser les impôts des classes basses et moyennes et augmenter ceux des plus
riches (Lui-même est un riche ? Chut, chut, c’est pas le moment d’en
parler, fermons les yeux sur ce détail insignifiant). Il va lutter contre le
monde de la finance (celui-là même grâce auquel il s’est enrichi ? J’ai
dit chut ! Ca suffit maintenant.). Il va s’opposer aux multinationales,
taxer les produits d’importation et privilégier le made in France. Au passage,
il fustige la gauche et la droite traditionnelles et dénonce sans vergogne les
scandales de leurs membres les plus éminents.Il…
Non, je vais m’arrêter là en fait. Je crois que c’est suffisant.
Mettez ce personnage là, maintenant, sur la scène politique
française. Que se passera-t-il en 2017 ? Ne pourrait-il pas être
élu lui aussi ?
3- Quel sera l’avenir du monde avec un Donald aux commandes du plus
puissant pays de la planète ?
Je vois 3 options possibles :
-
Il met en œuvre sa politique et tout se
casse la gueule. L’économie s’effondre. La pollution gagne du terrain. New
York, Los Angeles et Chicago se transforment en Pékin malgré les protestations
véhémentes de Léonardo qui, entre temps, s’est installé en Suède. La moitié de
la population qui ne voulait pas de Trump descend dans la rue et les émeutes se
multiplient. Le pays implose, entraînant le reste du monde dans sa chute.
-
Il met en œuvre sa politique et rien ne
se passe. Les Etats-Unis font leur bonhomme de chemin, tranquilles dans leur
isolationnisme et le reste du monde ne s’en porte pas plus mal.
-
Il poursuit sur la lancée de son premier
discours en tant que President Of The United States Of America et
devient comme tous ceux qu’il fustigeait et haïssait jusqu’à hier. Quelques
(gros) pots de vin et le voilà officiellement à la botte du lobby des armes, du
pétrole, de l’agro-alimentaire, des industries pharmaceutiques et de tout le
reste. La vie reprend son cours. Il annule quand même le Obamacare, histoire de
paraître encore un peu crédible (et puis, faut dire que cette réforme embêtait
certains de ses nouveaux amis). Il poursuit les accords commerciaux avec le
Mexique, fait le forcing sur l’Europe pour signer le TAFTA, gronde un peu
Poutine parce que quand même, c’est pas beau ce qu’il fait en Syrie puis lui
tape sur l’épaule hors caméra. Il applaudit des deux mains les accords de la
COP23, prend Léo dans ses bras à cette occasion en s’excusant auprès de lui. Il
va les fermer bientôt les centrales à charbon, promis. Le gaz de schiste, il
sait que c’est dangereux mais il fait juste quelques tests pour voir. Juré,
après il arrête. Bref, il rentre dans le moule. Il a eu ce qu’il voulait, plus
la peine de faire semblant !
Pour conclure, je crois vraiment que le monde est malade.
Très gravement malade. Une tumeur gigantesque aux multiples ramifications. Et
Trump en est un symptôme. Un symptôme plus virulent et plus visible que tous
ceux qui l’avaient précédé.
Reste à savoir si ce symptôme annonce que la phase terminale est
amorcée, qu’il est trop tard pour stopper la maladie ou si, au contraire, il va
éveiller les consciences de tous les médecins potentiels et que chacun tentera enfin
de le soigner, notre monde agonisant.
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