jeudi 15 décembre 2016

Un enfant de cinq ans ne devrait pas mourir sur une route

La grisaille est encore restée plaquée au sol aujourd’hui. Comment aurait-il pu en être autrement ? Le soleil et le ciel bleu, s’ils s’étaient montrés, auraient été indécents.
Qui ce matin n’a pas eu cette appréhension en prenant la route, cette boule au ventre, cette crispation de lendemain de drame ? Cette crainte de passer sur cette route empruntée quotidiennement mais qu’on ne pouvait que voir autrement aujourd’hui. Elle a tué hier, elle a tué des innocents, trop d’innocents. Des petites êtres qui auraient dû grandir encore et profiter de cette vie qu’on leur a fauché. Comment ne pas penser à ces mères de famille, ne pas faire le parallèle avec nos propres vies ? Ces mères de famille qui, en ce mercredi après-midi étaient sur la route avec leurs enfants, les emmenaient à la danse, à la gym ou chez l’orthophoniste ? Allaient voir leur grand-mère ou chercher les derniers cadeaux de Noël ? Comment ne pas penser à ces pères appelés au travail pour entendre l’indicible, l’insupportable.
Je ne sais pas ce qui s’est passé hier mais je sais ce qui se passe tous les jours. Je sais le téléphone portable regardé à la dérobée, parce qu’on a le temps, parce qu’il n’y a personne en face, parce qu’on maîtrise. Le téléphone décroché parce que c’est urgent, important, parce qu’on est en retard, parce qu’on maîtrise. La limitation de vitesse légèrement dépassée parce qu’on est pressé, parce qu’il est trop lent, parce qu’on maîtrise. La voiture doublée à l’arrache. Le tracteur doublé sans visibilité. La ligne blanche dépassée parce que c’est pas si dangereux. La limitation de vitesse largement dépassée parce qu’on aime aller vite. Les distances de sécurité pas respectées parce que ça sert à rien. Les incivilités, les priorités non laissées, les passages forcés parce qu’on est les plus forts, les rois de la route. Les vitesses non diminuées par temps de brouillard, de pluie ou de verglas.

Je pourrais continuer comme ça longtemps. On l’a tous fait, on a tous croisé ceux qui le font. On a tous eu peur mais ça n’arrive qu’aux autres, non ? Qu’avons nous à gagner à garder ces comportements indignes ? Pourquoi derrière un volant devient-on inconscients des dangers ? Pourquoi faut-il aller toujours plus vite ? Pour arriver une minute plus tôt ?

La vie est trop belle, trop précieuse. Elle sait réserver des destins funestes, il est inutile de l’y aider. Ces enfants ne méritaient pas ça. Ils ne méritaient pas que notre inconscience collective leur fasse subir cela. Essayons de penser à eux à chaque fois que nous viendra l’idée de dépasser, décrocher, accélérer, coller. Rappelons nous ces familles brisées et remettons les choses en perspective. Relativisons, freinons, laissons sonner, éloignons-nous, restons derrière.  

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