dimanche 1 novembre 2020

On reste à la maison, épisode 2 ...

Extrait du Larousse :

Confinement, nom masculin, action de confiner, de se confiner

Se confiner, verbe pronominal / être confiné, verbe passif : s'enfermer, être enfermé dans un lieu // Se limiter, se borner à une activité quelconque unique ou restreinte.

Aucun doute possible, le principe du confinement, c’est de rester chez soi.

Pourtant, aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent. Comme je les comprends !

Qui peut supporter de ne pas pouvoir sortir, de devoir remplir une attestation pour mettre le nez dehors, de ne pas pouvoir voir ses amis, sa famille, de ne pas pouvoir faire la fête, de ne pas partir en vacances, de n’être autorisé à sortir que pour aller bosser ?

Personne !

Qui peut supporter de supprimer de sa vie tous ses loisirs, tous ses moments de plaisir ? De ne plus entendre de musique live, de ne plus voir une pièce de théâtre, de ne plus manger au restau, de ne plus faire de sport collectif ?

Personne !

Qui peut accepter de voir sa quincaillerie fermée alors que Leroy Merlin est ouvert, de voir son salon de coiffure fermé alors que la coiffure à domicile est autorisée, de voir des fleurs vendues dans les supermarchés alors que le fleuriste du coin ferme, de voir des livres vendus dans les rayons des hypers alors que le libraire indépendant doit fermer ses portes ?

Personne !

Qui peut comprendre, alors que nous sommes censés être confinés, recevoir des sms l’invitant à venir chez son opticien ou son garagiste car ils sont ouverts ou encore voir passer les pubs du rivétoile annonçant les magasins qui y sont ouverts, du chocolatier à la parfumerie en passant par le magasin de déco ?

Personne !

Qui peut accepter de se retrouver du jour au lendemain sans revenus pendant que d’autres, perdant toute concurrence, s’en mettent plein les poches ?  

Personne !

Pour autant, je comprends aussi pourquoi tout cela arrive. Je suis en colère contre la gestion de crise calamiteuse que nous subissons depuis des mois, en colère aussi contre nos comportements, contre notre relâchement, contre le déni qui nous ont amenés jusqu’ici. Etonnée de voir que des pays résistent mieux que l’Europe. Perplexe devant ce virus qui bloque toutes nos vies. Abattue par le fait qu’il soit encore une fois trop tard.

Parce qu’il est trop tard pour ce coup-ci. On a raté le coche. Après la surprise, peut-être excusable du 1er confinement, les mêmes erreurs ont été reproduites. On a l’impression qu’aucune leçon n’a été retenue. Alors on en est là à nouveau. Plus d’autre choix que mettre le pays en veille en attendant que ça passe. Se réfugier suffisamment en hauteur pour échapper au tsunami. Se barricader dans l’abri anti-tornade le temps que la tempête soit passée.

Pour un mois, 2 mois ou plus, nous sommes confinés. On nous demande de rester chez nous autant que possible, de voir le moins de monde possible. On nous demande de ne pas nous balader en ville, d’un magasin à l’autre. On nous demande de ne pas nous regrouper. On nous demande d’aller bosser, de chercher dans les magasins ce qu’il nous faut pour manger et de rentrer chez nous.

Mais personne ne nous interdit de lire un livre. Aussi choquantes que puissent être ces images des rayons livres inaccessibles dans les supermarchés, je n’ai pas l’impression de vivre dans un remake de Fahrenheit 451 ou de 1984. Un mauvais film catastrophe, oui. Mais rien d’autre. Aucun pompier ne viendra brûler nos livres dans notre bibliothèque. Big Brother ne réécrira pas notre histoire. Ce n’est pas « l’objet livre » qui est attaqué aujourd’hui, mais le fait de se déplacer pour aller le chercher. Le fait de monter dans le tram, de s’assoir à proximité de quelqu’un pour aller le chercher. Heureusement, si l’on veut acheter un livre, on est en droit de le faire. On peut le commander auprès de son libraire préféré ou directement auprès de nos petits éditeurs régionaux préférés. On peut toujours !

Au delà du livre, on peut aussi patienter un peu pour acheter quelque chose plutôt que le commander auprès de l’ogre Amazon, seul rescapé de ces fermetures. Attendre et acheter quand les petits commerces réouvriront. Ou faire en sorte de commander auprès d’eux quand c’est possible. On peut imaginer d’autres options comme le proposent les maires de Sedan et Charleville-Mézières qui ont décidé de mettre en place une plate-forme internet commune pour que les commerçants des 2 centres-villes puissent proposer leurs produits en ligne. On peut réfléchir à ce qu’il faudrait faire quand ça va rouvrir, imaginer des solutions qui nous éviteront de revenir une 3è fois à la situation actuelle. On peut lire des tonnes de livres. On peut faire des apéros skypes avec ses amis. On peut profiter de sa famille. On peut rendre service à son voisin âgé. On peut repeindre sa cuisine. On peut promener son chien. On peut jouer avec ses enfants. On peut regarder un bon film avec Sean Connery. On peut rester à la maison. On peut. Parce qu’on va bien et parce qu’on a envie de continuer à aller bien. On peut …