lundi 20 juin 2016

Chronique d’une journée ordinaire dans un village ordinaire

A l’ouverture des yeux ou des volets ce matin, s’enthousiasmer de voir enfin le soleil briller ! Finies la pluie et la grisaille, c’est l’été et le ciel bleu est de retour. Ne pas tenir compte de ce que dit la météo ! Il pleuvra ce soir ? Tant pis, on verra bien ! Pour l’instant il faut profiter !

Boire un café. Mettre le nez dehors pour la promenade matinale du chien. Les collégiens et les lycéens sont déjà partis en bus. C’est bientôt l’heure de l’école pour les primaires : une dizaine d’enfants attend devant. Les instits sont déjà là mais le portail n’est pas encore ouvert. Une maman embrasse son petit. Un plus grand lance un vague signe de main à la sienne. Pas de démonstration d’amour devant les copains en CM2 ! Trop la honte ! La cloche retentit, les portes s’ouvrent et la nuée d’enfants déferle dans la cours.

On se presse devant la boulangerie. Des ouvriers boivent leur café avant de partir sur le chantier. Un « papy » vient chercher son journal et sa baguette, comme tous les matins. Dans le centre du village, on démonte les stands et les chapiteaux, seules traces de la journée de fête des cerises qui a battu son plein la veille malgré le temps incertain. On a mangé des quantités de tartes flambées, on a réussi à grapiller quelques cerises, on s’est baladé parmi les camelots, on a mangé des glaces parce que c’est de saison, on a écouté les concerts. Le match de l’équipe de France a été diffusé dans la soirée afin de patienter jusqu’à l’heure du feu d’artifice qu’on a enfin réussi à tirer en profitant d’une éclaircie un peu plus longue que les autres ….

Petit détour par Wasselonne. Quelqu’un qui traverserait le bourg ne penserait pas qu’il était inondé il y a moins de quinze jours. La vie a repris son cours. En passant dans les rues qui ont le plus souffert, on se rend compte que toutes les fenêtres et portes sont grandes ouvertes, pour espérer faire sécher les murs. Vite, vite, profiter de ces quelques rayons de soleil et de la douceur de l’air, qui pour une fois n’est pas humide ! Ici, on nettoie les traces de boue de la façade à coups de karcher, là on voit encore des morceaux de laines de verre qui attendent d’être ramassés. Des chaises de jardin sèchent devant un garage. Le PMU est à nouveau ouvert et accueille déjà de nombreux clients à cette heure matinale.

Se garer sur le parking de la rue des Messieurs. Il y reste quelques traces de boue pour nous rappeler qu’il était sous l’eau. Les rues abîmées ont été gravillonnées pour être à nouveau utilisables. Une seule est encore barrée. Rejoindre le marché du lundi matin qui a envahi le centre : on se bouscule pour acheter ses fruits, ses légumes, son pain, ses œufs frais. L’ambiance y est agréable. On se rencontre, on se salue, on échange quelques mots, on remplit son cabas.

Un peu plus tard on croise déjà les enfants qui rentrent de l’école. Les nounous sont là pour les accompagner, les faire manger, les ramener deux heures plus tard.

L’après-midi, encadrer les enfants du collège qui vont voir un spectacle. Les suivre en descendant à pieds de l’établissement jusqu’à la salle des fêtes. Les entendre rire, s’invectiver, s’insulter copieusement, s’embêter, se taquiner. Les regarder admirer le spectacle, se moquer et envier à la fois leurs copains montés sur scène pour participer. Les écouter râler parce que c’est nul mais s’esclaffer à chaque blague. Les raccompagner jusqu’au collège. Arriver cinq minutes après toute la troupe pour attendre un gamin qui marche plus lentement à cause d’une douleur à la cheville, et l’écouter te raconter sa touchante histoire.

Rentrer à la maison. Remettre le nez dehors dehors pour la promenade de fin de journée du chien. Slalomer autour des voitures garées sur les trottoirs, éviter toutes celles qui circulent pour rentrer dans le village. Il est 17h30, c’est l’heure où les rurbains rentrent du travail. Les petites rues se transforment provisoirement en autoroutes. Dans une heure, tout sera revenu à la normale.

C’est aussi l’heure d’affluence au « kiosque de Lili » où on peut acheter des fraises et des cerises bien rouges, de la rhubarbe ou des asperges suivant la saison. Les fraises attirent l’œil et les voitures s’arrêtent pour les emporter. 



Un peu plus loin, une dame profite du temps clément pour nettoyer sa cour au karcher. Faire un détour pour ne pas se faire arroser, laisser le chien patauger dans les flaques d’eau.

Entendre des hurlements d’enfants qui jouent sur un trampoline. S’éloigner du village pour rejoindre les chemins de terre toujours boueux. Les cerisiers ont encore quelques fruits bien rouges.


 Baisser les yeux et tirer sur le chien pour que cette fois, il évite la flaque d’eau noire qui s’écoule du fumier posé au bord du chemin.

Croiser quelques voitures qui, pour éviter le long détour de l’autoroute du centre-ville, préfèrent prendre les chemins de traverses, y compris en Audi A3 …

Admirer inlassablement le paysage : vignes, arbres fruitiers, entrée de la route des vins, collines puis montagnes.

Regarder l’avion descendre vers l’aéroport tout proche. 


Croiser des cyclistes, toujours les mêmes : tenues complètes, lunettes de soleil, gourde, ils sont prêts pour le Tour de France. Ils viennent probablement de rentrer après leur journée de travail. Peut-être que passer deux heures à jouer avec leurs enfants (ou plutôt à les entendre hurler « je veux pas faire mes devoirs », « je veux pas prendre ma douche ») ne les branchait pas après une fatigante journée de travail et qu’ils ont préféré laisser à leur femme le soin de gérer ça (elles le font tellement bien) pour aller se détendre en avalant quelques kilomètres de bitume ?

Croiser à nouveau quelques restes de la fêtes des cerises : incontournables banderoles Crédit Mutuel !!



Ou bien le panneau oublié d’une autre fête récente ! Il a un air penché, non ?

























Sur la route on peut encore voir les marques du vide-grenier du mois dernier.


















Aux abords de la rue de l’enfer, des jeunes filles « squattent » les bancs de vignerons. Qu’y échangent-elles ? Leur journée au collège ou au lycée ? Leur BAC en cours ou leur brevet imminent ? Leurs amours heureuses ou déçues ? En tous cas, elles sont là, des heures durant, à se raconter leur vie. Plus tard, d’autres feront comme elles. Ils seront un peu plus vieux, feront tourner quelques canettes de bière et une ou 2 cigarettes en maudissant leurs parents, leur petit-frère qui leur pique leur MP3 ou qui monopolise la télé, leurs profs qui leur donnent encore des devoirs alors que l’année scolaire touche à sa fin. Ils se diront leur impatience de partir en vacances ou leur tristesse de ne pas voir leurs copains pendant tout l’été parce qu’ils vont voyager de grands-parents en grands-parents.


Un peu plus loin, le chemin des écoliers nous rappelle qu’il est le lieu favori des promeneurs de chiens, au grand dam de tous les autres qui doivent subir les déjections des chers toutous dont les maîtres n’ont pas encore compris l’usage des petits sacs plastiques à leur disposition aux deux extrémités du chemin. Alors, à force de voir son enfant zigzaguer avec son cartable à roulettes au milieu des cacas disgracieux, on finit par se fâcher et se lâcher par des petits mots bien sentis. Le chemin reste propre quelques jours. La pluie et le vent finissent par avoir raison du petit papier et le chemin redevient la « canicrotte » qu’il était. Un éternel recommencement que tous les villages connaissent.


Il est 18h, les derniers parents viennent rechercher leurs enfants au périscolaire. Rouges écarlate, ils entrent en courant dans la garderie, s’excusant, au choix, de la réunion qui a duré, des bouchons pour sortir de Strasbourg. Les enfants leur sautent dans les bras ou boudent parce qu’ils sont en retard et qu’ils vont rater leur série préférée qui commence à 18h ! Puis chacun rentre chez soi...


















C’est l’été aujourd’hui, le ciel est déjà redevenu gris mais qu’importe, les odeurs de barbecue flottent malgré tout dans l’air à cette heure. Un petit apéro en terrasse, des saucisses, une salade verte achetée au kiosque ou à la ferme et on se régale avant le prochain match. Russie-Pays De Galles, ça devrait au moins nous promettre de belles échauffourées entre supporters !

A 22h, la cloche d’argent résonnera dans sa tour de rempart. Les enfants dormiront. Les papas râleront devant le foot. Les mamans termineront la vaisselle (je sais, je fais dans le cliché là, mais franchement, qui va me dire que ce ne sera pas le cas dans la plupart des maisons??). On finira par se coucher. Pour entamer demain la chronique d’une nouvelle journée ordinaire …


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