A l’ouverture des
yeux ou des volets ce matin, s’enthousiasmer de voir enfin le
soleil briller ! Finies la pluie et la grisaille, c’est l’été
et le ciel bleu est de retour. Ne pas tenir compte de ce que dit la
météo ! Il pleuvra ce soir ? Tant pis, on verra bien !
Pour l’instant il faut profiter !
Boire un café.
Mettre le nez dehors pour la promenade matinale du chien. Les
collégiens et les lycéens sont déjà partis en bus. C’est
bientôt l’heure de l’école pour les primaires : une
dizaine d’enfants attend devant. Les instits sont déjà là mais
le portail n’est pas encore ouvert. Une maman embrasse son petit.
Un plus grand lance un vague signe de main à la sienne. Pas de
démonstration d’amour devant les copains en CM2 ! Trop la
honte ! La cloche retentit, les portes s’ouvrent et la nuée
d’enfants déferle dans la cours.
On se presse devant
la boulangerie. Des ouvriers boivent leur café avant de partir sur
le chantier. Un « papy » vient chercher son journal et sa
baguette, comme tous les matins. Dans le centre du village, on
démonte les stands et les chapiteaux, seules traces de la journée
de fête des cerises qui a battu son plein la veille malgré le temps
incertain. On a mangé des quantités de tartes flambées, on a
réussi à grapiller quelques cerises, on s’est baladé parmi les
camelots, on a mangé des glaces parce que c’est de saison, on a
écouté les concerts. Le match de l’équipe de France a été
diffusé dans la soirée afin de patienter jusqu’à l’heure du
feu d’artifice qu’on a enfin réussi à tirer en profitant d’une
éclaircie un peu plus longue que les autres ….
Petit détour par
Wasselonne. Quelqu’un qui traverserait le bourg ne penserait pas
qu’il était inondé il y a moins de quinze jours. La vie a repris
son cours. En passant dans les rues qui ont le plus souffert, on se
rend compte que toutes les fenêtres et portes sont grandes ouvertes,
pour espérer faire sécher les murs. Vite, vite, profiter de ces
quelques rayons de soleil et de la douceur de l’air, qui pour
une fois n’est pas humide ! Ici, on nettoie les traces de boue
de la façade à coups de karcher, là on voit encore des morceaux de
laines de verre qui attendent d’être ramassés. Des chaises de
jardin sèchent devant un garage. Le PMU est à nouveau ouvert et
accueille déjà de nombreux clients à cette heure matinale.
Se garer sur le
parking de la rue des Messieurs. Il y reste quelques traces de boue
pour nous rappeler qu’il était sous l’eau. Les rues abîmées
ont été gravillonnées pour être à nouveau utilisables. Une seule
est encore barrée. Rejoindre le marché du lundi matin qui a envahi
le centre : on se bouscule pour acheter ses fruits, ses légumes,
son pain, ses œufs frais. L’ambiance y est agréable. On se
rencontre, on se salue, on échange quelques mots, on remplit son
cabas.
Un peu plus tard on
croise déjà les enfants qui rentrent de l’école. Les nounous
sont là pour les accompagner, les faire manger, les ramener deux
heures plus tard.
L’après-midi,
encadrer les enfants du collège qui vont voir un spectacle. Les
suivre en descendant à pieds de l’établissement jusqu’à la
salle des fêtes. Les entendre rire, s’invectiver, s’insulter
copieusement, s’embêter, se taquiner. Les regarder admirer le
spectacle, se moquer et envier à la fois leurs copains montés sur
scène pour participer. Les écouter râler parce que c’est nul
mais s’esclaffer à chaque blague. Les raccompagner jusqu’au
collège. Arriver cinq minutes après toute la troupe pour attendre
un gamin qui marche plus lentement à cause d’une douleur à la
cheville, et l’écouter te raconter sa touchante histoire.
Rentrer à la
maison. Remettre le nez dehors dehors pour la promenade de fin de
journée du chien. Slalomer autour des voitures garées sur les
trottoirs, éviter toutes celles qui circulent pour rentrer dans le
village. Il est 17h30, c’est l’heure où les rurbains rentrent du
travail. Les petites rues se transforment provisoirement en
autoroutes. Dans une heure, tout sera revenu à la normale.
C’est aussi
l’heure d’affluence au « kiosque de Lili » où on
peut acheter des fraises et des cerises bien rouges, de la rhubarbe
ou des asperges suivant la saison. Les fraises attirent l’œil et
les voitures s’arrêtent pour les emporter.
Un peu plus loin, une
dame profite du temps clément pour nettoyer sa cour au karcher.
Faire un détour pour ne pas se faire arroser, laisser le chien
patauger dans les flaques d’eau.
Entendre des hurlements d’enfants qui jouent sur un trampoline. S’éloigner du
village pour rejoindre les chemins de terre toujours boueux. Les
cerisiers ont encore quelques fruits bien rouges.
Baisser les yeux et
tirer sur le chien pour que cette fois, il évite la flaque d’eau
noire qui s’écoule du fumier posé au bord du chemin.
Croiser quelques
voitures qui, pour éviter le long détour de l’autoroute du
centre-ville, préfèrent prendre les chemins de traverses, y compris
en Audi A3 …
Admirer
inlassablement le paysage : vignes, arbres fruitiers, entrée de
la route des vins, collines puis montagnes.
Regarder l’avion
descendre vers l’aéroport tout proche.
Croiser des cyclistes,
toujours les mêmes : tenues complètes, lunettes de soleil,
gourde, ils sont prêts pour le Tour de France. Ils viennent
probablement de rentrer après leur journée de travail. Peut-être
que passer deux heures à jouer avec leurs enfants (ou plutôt à les
entendre hurler « je veux pas faire mes devoirs », « je
veux pas prendre ma douche ») ne les branchait pas après une
fatigante journée de travail et qu’ils ont préféré laisser à
leur femme le soin de gérer ça (elles le font tellement bien) pour
aller se détendre en avalant quelques kilomètres de bitume ?
Croiser à nouveau
quelques restes de la fêtes des cerises : incontournables
banderoles Crédit Mutuel !!
Ou bien le panneau
oublié d’une autre fête récente ! Il a un air penché,
non ?
Aux abords de la
rue de l’enfer, des jeunes filles « squattent » les
bancs de vignerons. Qu’y échangent-elles ? Leur journée au
collège ou au lycée ? Leur BAC en cours ou leur brevet
imminent ? Leurs amours heureuses ou déçues ? En tous
cas, elles sont là, des heures durant, à se raconter leur vie. Plus
tard, d’autres feront comme elles. Ils seront un peu plus vieux,
feront tourner quelques canettes de bière et une ou 2 cigarettes en
maudissant leurs parents, leur petit-frère qui leur pique leur MP3
ou qui monopolise la télé, leurs profs qui leur donnent encore des
devoirs alors que l’année scolaire touche à sa fin. Ils se diront
leur impatience de partir en vacances ou leur tristesse de ne pas
voir leurs copains pendant tout l’été parce qu’ils vont voyager
de grands-parents en grands-parents.
Un peu plus loin,
le chemin des écoliers nous rappelle qu’il est le lieu favori des
promeneurs de chiens, au grand dam de tous les autres qui doivent
subir les déjections des chers toutous dont les maîtres n’ont pas
encore compris l’usage des petits sacs plastiques à leur
disposition aux deux extrémités du chemin. Alors, à force de voir
son enfant zigzaguer avec son cartable à roulettes au milieu des
cacas disgracieux, on finit par se fâcher et se lâcher par des
petits mots bien sentis. Le chemin reste propre quelques jours. La
pluie et le vent finissent par avoir raison du petit papier et le
chemin redevient la « canicrotte » qu’il était. Un
éternel recommencement que tous les villages connaissent.
Il est 18h, les
derniers parents viennent rechercher leurs enfants au périscolaire.
Rouges écarlate, ils entrent en courant dans la garderie,
s’excusant, au choix, de la réunion qui a duré, des bouchons pour
sortir de Strasbourg. Les enfants leur sautent dans les bras ou
boudent parce qu’ils sont en retard et qu’ils vont rater leur
série préférée qui commence à 18h ! Puis chacun rentre chez
soi...
C’est l’été aujourd’hui, le ciel est déjà redevenu gris mais qu’importe, les odeurs de barbecue flottent malgré tout dans l’air à cette heure. Un petit apéro en terrasse, des saucisses, une salade verte achetée au kiosque ou à la ferme et on se régale avant le prochain match. Russie-Pays De Galles, ça devrait au moins nous promettre de belles échauffourées entre supporters !
A 22h, la cloche
d’argent résonnera dans sa tour de rempart. Les enfants dormiront.
Les papas râleront devant le foot. Les mamans termineront la
vaisselle (je sais, je fais dans le cliché là, mais franchement,
qui va me dire que ce ne sera pas le cas dans la plupart des
maisons??). On finira par se coucher. Pour entamer demain la
chronique d’une nouvelle journée ordinaire …
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